Le lieu alternatif : du 6B aux grands voisins
Les espaces culturels d’initiative « citoyenne » sont un signe de la gentrification croissante. Alors que l’urbaniste organise l’expansion des villes dans des zones d’aménagement concertées à l’initiative de l’état, et rassemble des acteurs économiques (promoteurs), architectes et urbanistes. La création des banlieues des années 50 et le clivage entre paris intra muros et l’extérieur poussent à créer un tissu social plus divers.
Les frigos de Bercy – 19 rue des Frigos, 75013 Paris
En 1921, la « gare Frigorifique de Paris-Ivry » est un entrepôt alimentaire destiné à approvisionner les grandes halles de Paris après la guerre. Elle est laissée en friche de la fin des années soixante à 1980, suite à la concurrence de Rungis. La SNCF décide alors de louer des lots à une communauté d’artistes.
En 1985, Le quartier Nord de la ZAC Masséna atterri dans l’atelier de Christian de Portzampac. Les Frigos changent de propriétaire et signent des contrats de location. Conservé, ce vivier artistique accueille alors de plus en plus de locataires excentriques, dont par exemple paolo calia.
http://les-frigos.com/
Le 6B – 6-10 Quai de Seine, 93200 Saint-Denis
Face au canal, le bâtiment est constitué d’un bloc monolithique de forme pavée. Les façades en béton des années 1970 répètent une trame carrée; autant de cellules pour les ateliers.
Ouvert en 2010 et présidé par l’architecte Julien Beller, le 6B est pourtant devenu l’une des destinations de fête favorites des Parisiens. Avant cela, plus de cinq ans de travail lui ont permis dans un premier temps d’obtenir le soutien de la mairie et dans un second de travailler main dans la main avec le promoteur. Ce sont à présent plus de 161 résidents sur 7000 mètres carrés qui cohabitent !
Le bâtiment principal est complété d’un mobilier et d’une terrasse légère en bois et les quais sont transformés en plage sablée !
Les Grands voisins – 82, Avenue Denfert-Rochereau 75014 Paris
Le XIVième arrondissement s’est réveillé l’an dernier avec le tout dernier espace en transition de la région. Derrière la fondation Cartier, l’hôpital saint-Vincent de Paul accueille une pépinière regroupant jeunes entreprises, associations et ateliers de créateurs. Une grande parcelle de 3,4 hectares avec des rues et 13 bâtiments !
Des initiatives originales comme par exemple l’installation d’un grand camping en plein Paris, et des préoccupations sociales en font un centre unique en son genre. L’alternatif atteint là une dimension éthique avec un hébergement social d’urgence.
Je veux de l'architecture de qualitéLe 59 – 59 rue de rivoli 75001 Paris
Laissé à l’abandon par le Crédit Lyonnais sur l’ une des avenue les plus réputées de Paris, le 59 est investi en 1999 ! A l’époque connu sous « Chez Robert, électron libre », il entreprend une guerre juridique et médiatique. La mairie rachète le lieu pour le confier aux artistes dans l’objectif d’une pérennisation qui dure depuis 17 ans !
Leurs installations naïves et figuratives sur la façade Haussmannienne à deux pas de Châtelet ou d’Hôtel de Ville surprennent encore et les ateliers se visitent toujours. Un véritable manifeste à la culture dite « alternative ».
Le DOC – rue du Docteur Potain, 75019 Paris
A côté de la place des Fêtes, un ancien Lycée technique reprend vie grâce à l’installation d’une cinquantaine d’artistes. Ses 3000m2 sont aménagés et permettent aux artistes de s’exprimer. Professionnels spécialisés, ils travaillent un grand panel de matériaux notamment grâce aux machines sur place laissées intactes.
La liste est encore longue mais n’est pas exhaustive : la station (gare des mines), la passerelle ou encore la gare expérimentale sont encore en activité, une des preuves du dynamisme culturel Parisien.
Le squatteur n’est pas l’ami de l’architecte et l’espace alternatif peut bloquer des projets plus importants. C’est le cas du Bloc (7000m2), du Heaven (2000m2), et de bien d’autres maintenant disparus qui n’auront pas gagné une crédibilité suffisante.
Les espaces en transition sont donc la plupart du temps éphémères et restent des expériences dans des lieux inutilisés, squattés puis conventionnés pour des périodes bien définies. Ces tests tentent de répondre à comment vivre mieux ensemble dans un urbanisme français encore traumatisé par les grands ensembles et la création de ghettos.
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